Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’Arsenal par les bras de la Seine qui entourent l’île Louviers.

Nous l’avons dit, rien de plus désert que les abords de ce palais. Les curieux peuvent encore visiter ces salles énormes, proportionnées aux splendeurs des existences princières des temps passés.

On ne peut de nos jours contempler sans ressentiments mélancoliques ces vieux hôtels autrefois si peuplés de pages, de gardes, d’écuyers, de gentilshommes, innombrables satellites de ces glorieuses planètes, de ces illustres maisons qui jetaient tant d’éclat sur la France.

Rien de plus triste que de voir ces constructions massives, bâties pour des siècles, tromper si vite l’espoir de ceux qui les avaient fondées pour leurs puissantes races.

Heureusement l’édifice dont nous parlons conservait un peu de sa poésie, grâce à la solitude du quartier désert où il s’élevait. Lorsque les ombres transparentes de la nuit le voilaient à demi, cette antique demeure reprenait la sévère majesté de son caractère monumental.

La nuit, la solitude, le silence ne varient pas avec les siècles ; contemporains de tous les âges, ils sont immuables comme l’éternité… Aussi, lorsque l’on contemple ces vieux édifices au milieu de la nuit, du silence et de la solitude, on dirait que rien n’a changé… la distance du présent au passé s’efface…