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Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/79

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C’est à peu près au moment où M. de Brévannes sortait de l’Opéra que nous conduirons le lecteur à l’hôtel Lambert.

Des nuages épais et gris, chassés par l’âpre bise du nord, couraient rapidement sur le ciel. En se couchant, la lune argentait les contours fantastiques des nuées. Au-dessus d’elle, çà et là quelques étoiles scintillaient sur le profond et sombre azur du firmament.

La masse irrégulière du vieux palais, avec ses toits aigus, ses cheminées, ses gargouilles bizarres, son fronton massif, se découpait en noir sur la limpidité bleuâtre et nocturne de l’atmosphère ; une allée de pins séculaires dressaient leurs pyramides d’un vert sombre au-dessus des murs du jardin qui se prolongeait sur le quai.

Les eaux de la Seine, gonflées par les pluies d’hiver, se brisaient sur la grève, et répondaient, par un triste murmure, aux longs sifflements de la bise du nord.

Le bruit du vent et des grandes eaux troublait seul le silence où était enseveli ce quartier de Paris..

Quatre heures et demie sonnaient dans le lointain à l’Arsenal, lorsqu’un fiacre s’arrêta devant la muraille du jardin.

Une personne coiffée d’un chapeau rond, enveloppée d’un manteau, descendit de cette voiture, ouvrit une petite porte, et bientôt après, madame de Hansfeld, toujours en domino, sortit à son tour du fiacre et entra dans le jardin.