Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/84

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Sans lui répondre, madame de Hansfeld tendit sa belle main à Iris ; celle-ci en approcha ses lèvres rouges et humides avec une expression de respect et de dévouement filial : puis elle se redressa vivement et s’écria :

— Mon Dieu ! marraine, votre main est glacée… vous frissonnez… Il faut vous coucher…

— Pas encore… mais écoute… Je ne sais ce que me présage l’arrivée de Charles de Brévannes ; de grands malheurs peuvent s’ensuivre… Tes services me seront peut-être plus nécessaires que jamais… Il faut que tu saches… tout… oui… le crime de cet homme… Alors tu comprendras que la vengeance devient aujourd’hui pour moi… une expiation…

Et la princesse s’assit près de la cheminée.

Iris prit un manteau de velours doublé d’hermine, et en enveloppa soigneusement sa marraine ; car, malgré le feu qui brûlait dans l’âtre, ces pièces immenses devenaient glaciales à la fin des nuits d’hiver.

Madame de Hansfeld resta quelques moments rêveuse avant de parler.

Iris aimait madame de Hansfeld avec une sorte de tendresse à la fois respectueuse, farouche et passionnée.

C’était un de ces attachements aveugles, sauvages, on dirait presque impitoyables, tant ils sont exclusifs.

La princesse croyait s’être à jamais attaché par une profonde reconnaissance cette jeune fille,