Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/94

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— Cela est étrange…

— Malheureusement il partageait les préventions de Raphaël… Ce que j’avais prévu était arrivé : les assiduités de M. de Brévannes, interprétées par ses infâmes calomnies, m’avaient affreusement compromise. Je passais à Florence pour être sa maîtresse ; et lorsque Raphaël s’informa de moi, il n’y eut qu’une voix pour m’accuser. Pourtant, ne voulant pas se fier aux apparences, il était allé trouver loyalement M. de Brévannes, lui avait dit son amour pour moi, que nous étions fiancés… que souvent les jeunes filles, sans être coupables, étaient légères, inconsidérées… le monde méchant ; il supplia M. de Brévannes, au nom de l’honneur, de ne pas cacher la vérité ; quelle qu’elle fût, il le croirait.

— Et Charles de Brévannes ?

— Loin d’être touché de ce langage, il traita Raphaël avec hauteur et lui dit :

« — Puisque vous épiez Paula Monti depuis deux jours, vous devez savoir où est sa chambre. — Je le sais ; sans qu’elle me vît, ce matin même je l’ai aperçue à son balcon. — Eh bien ! trouvez-vous cette nuit à trois heures du matin devant ce balcon, vous aurez ma réponse. » — Tu sais le reste… Brévannes dit alors insolemment à Raphaël : « Êtes-vous satisfait ? »

Dans sa rage, Raphaël le frappa au visage ; un duel s’ensuivit au point du jour, il succomba… Son dernier vœu fut de cacher sa mort à sa mère.