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Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/95

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Il préférait la laisser dans l’incertitude où l’on demeure souvent de longues années au sujet du sort des marins, que de lui faire savoir que ma trahison l’avait tué. Voilà ce que m’apprit Osorio. Cette funeste mission terminée, il repartit sans vouloir entendre un mot de mes protestations… J’ai entendu dire depuis qu’il était mort en Orient… et la mère de Raphaël attend toujours son fils… Et il est mort en me maudissant… mort en m’appelant et me croyant infâme et parjure… Mort… tué par Charles de Brévannes, calomniateur et meurtrier !

— Oh ! c’est affreux… Et votre tante Vasari ?…

Après un instant de silence pendant lequel la princesse paraissait être sous le poids d’un souvenir pénible, elle reprit ainsi :

— Les lois sur le duel étaient d’une sévérité extrême : Charles de Brévannes partit le jour même ; Raphaël était inconnu à Florence ; ni Osorio ni le témoin de M. de Brévannes ne reparurent… Personne ne put donc trahir ce malheureux secret. Ma tante fut d’autant plus inconsolable du brusque départ de Charles de Brévannes que, son appui lui manquant, elle perdit son procès et fut complètement ruinée. Nous revînmes à Venise, où je tombai malade.

— Et un an après vous étiez princesse de Hansfeld.

— Oui, pour sauver ma famille d’une horrible infortune, je me résignai à ce mariage, qui aurait dû me paraître inespéré… Grâce à la bonté, aux