Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/96

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soins et à la délicatesse du prince, j’entrevoyais déjà des jours plus heureux ; à la reconnaissance allait peut-être succéder un sentiment plus doux… lorsque tout à coup M. de Hansfeld…, frappé de je ne sais quel vertige, oubliant sa bonté, sa douceur accoutumée… enfin, — reprit madame de Hansfeld avec un profond soupir, — commença la vie atroce que je mène… Quelquefois je me demande comment ma raison a pu supporter des chocs si violents sans s’ébranler. La crainte, la stupeur que me cause la conduite bizarre, effrayante du prince, me poursuivent jusque dans le monde où je vais parfois chercher, non des distractions, mais de l’étourdissement. Il y a six mois, je traînais cette vie misérable… en apparence si splendide, si heureuse, lorsque par hasard je rencontrai M. de Morville ; je le remarquai, parce que j’entendis vanter la fidélité qu’il avait vouée comme moi à un souvenir adoré… Partout on parlait de son dévouement, de sa délicatesse…, et surtout de sa tendre constance pour une femme dont il avait été forcé de se séparer… Attristé par son amour, pieusement dévoué à sa mère souffrante, il sortait peu… Il demeurait près de nous, rue Saint-Guillaume. Un jour, je trouvai une lettre sur le banc d’une partie réservée de notre jardin… Sans pouvoir comprendre par quel moyen cette lettre se trouvait là, mon premier mouvement, tu le sais, fut de croire qu’elle venait de lui.

Et je m’en assurai en restant, le lendemain, toute