Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/101

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vous devez me mépriser, homme rude et stoïque…

Sans lui répondre, Pierre Raimond s’écria tout-à-coup :

— Mon Dieu ! maintenant j’y songe… votre femme est innocente… soit… mais ce crime si obstinément répété… qui l’a commis ? À Trieste, ici, des étrangers pouvaient en être accusés… mais en voyage, dans cette auberge, il faut que ce soit quelqu’un de votre maison, à moins d’une coïncidence extraordinaire.

— Je me suis fait aussi cette question, et elle est demeurée pour moi inextricable… En voyage, nous n’étions accompagnés que de trois personnes : un vieux serviteur qui m’a élevé, une jeune fille recueillie par madame de Hansfeld, mon chasseur qui nous servait de courrier et que j’ai depuis très longtemps à mon service. Soupçonner mon vieux Frantz ou une jeune fille de dix-sept ans d’un crime si noir, si inutile, serait absurde ; il ne resterait donc que le chasseur… Mais quoique bon et dévoué, si vous connaissiez la bêtise de ce malheureux garçon, vous comprendriez que, plutôt que de le croire coupable, j’accuserais mon vieux Frantz ou la demoiselle de compagnie de ma femme.

— Mais cependant… ces tentatives…

— Tenez, mon ami, mes injustes soupçons m’ont déjà causé trop de malheurs pour que j’ose encore en avoir…

— Mais ces tentatives sont réelles… Si on les renouvelle ?