Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/100

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lui avez causés, et, pour une âme généreuse, c’est une occupation noble et grande. Mais nous… que nous reste-t-il pour remplacer une intimité bien chère à notre cœur ? Tant que j’aurai cette pauvre femme auprès de moi, je vous regretterai moins ; mais lorsque je serai seul ! Ma fille elle-même devenait presque insouciante des chagrins qui l’accablaient chez elle, en songeant à la joie douce et calme qui l’attendait ici… Maintenant, encore une fois, que lui reste-t-il ? les regrets d’un passé qu’il aurait mieux pour elle valu ne pas connaître.

— Mon père, j’aurai du courage — reprit Berthe. — Ne me restez-vous pas ?

— Oui… et nous parlerons souvent de lui… je te le promets — ajouta le vieillard en tendant la main à Arnold, qui la serra tendrement dans les siennes.

— Allons, du courage, monsieur Arnold — dit Berthe en tâchant de sourire à travers ses larmes. — Mon père vous l’a dit : nous ne vous oublierons jamais ; nous parlerons bien souvent de vous. Adieu… et pour toujours, adieu…

M. de Hansfeld pouvait à peine contenir son émotion ; il répondit d’une voix altérée : — Adieu, et pour toujours adieu… Croyez… et…

Mais il ne put achever ; les sanglots étouffèrent sa voix, et il cacha sa figure dans ses mains.

— Vous le voyez — dit-il après un moment de silence à Pierre Raimond qui le contemplait tristement — faible… toujours faible… Que