Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/105

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— Avec quelle impatience, madame, j’attendais ce moment… Combien je vous sais gré… de votre excessive bonté pour moi !

— Vous savez mieux que personne, monsieur, par qui cette démarche m’est imposée — dit amèrement la princesse en faisant allusion aux menaces de M. de Brévannes.

— Je vous comprends, madame — dit M. de Brévannes ; — mais si vous saviez dans quel égarement peut vous jeter une passion violente à laquelle on est en proie depuis des années ? Ah ! que de fois je me suis souvenu avec délices de ce temps où je vous voyais chaque jour… où, à l’abri de l’amour que je feignais pour votre tante…

— Assez, monsieur… assez… vous ne m’avez pas sans doute demandé cet entretien pour me parler d’un passé… que pour tant de raisons vous devez tâcher d’oublier.

— L’oublier… le puis-je ? Ce souvenir a effacé tous les souvenirs de ma vie.

— Veuillez me répondre, monsieur. En insistant avec tant d’opiniâtreté pour obtenir ce rendez-vous, quel était votre but ?

— Vous parler de mon amour plus passionné que jamais, vous intéresser… presque malgré vous, aux tourments que je souffre…

— Écoutez, monsieur de Brévannes — dit froidement Paula en l’interrompant — il y a deux ans, vous m’avez une fois parlé de votre amour… je ne vous ai pas cru… Le silence que vous avez ensuite