Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/121

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résidence… Vous le savez, ma volonté est inébranlable ; ainsi réfléchissez.

Berthe baissa la tête sans répondre.

Son mari pouvait en effet l’envoyer en Lorraine, la séparer de son père, dont elle était alors l’unique ressource, puisque, par un juste sentiment de fierté, Pierre Raimond refusait la pension que lui avait faite M. de Brévannes.

Ce n’était pas tout ; en obéissant à son mari, Berthe devait cacher au graveur à quelle condition elle continuait de le voir, car celui-ci eût cent mille fois préféré laisser sa fille partir pour la Lorraine que de l’engager à obéir aux ordres de son mari, puisque ces ordres la rapprochaient d’Arnold.

Un moment elle voulut avouer à M. de Brévannes le motif de la résistance qu’elle lui opposait ; mais songeant à la jalousie féroce de son mari, à la colère qu’il ressentirait contre le graveur, dont il l’éloignerait peut-être encore, elle rejeta cette idée.

Il n’y avait, malheureusement pour Berthe, aucun moyen-terme entre ces différentes alternatives. Son premier mouvement avait été de résister opiniâtrement aux désirs de son mari, parce que les larmes qu’elle versait au souvenir d’Arnold l’éclairaient sur le danger de cet amour jusqu’alors si calme ; mais elle devait se courber devant une fatale nécessité.

Elle répondit à son mari avec accablement :