Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/135

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dites-moi sous quelle exaltation vous étiez lorsque vous m’avez écrit ce billet qui m’a si fort alarmée et qui m’a fait venir ici… ce soir…

— Ne sachant comment vous l’adresser, j’ai compté sur la fidélité de votre demoiselle de compagnie… D’ailleurs ce billet n’était compréhensible que pour vous seule… Eût-il tombé entre les mains de M. de Hansfeld, il ne vous eût pas compromise.

— J’ai reconnu là votre tact habituel… Mais la cause de ce billet ?…

— Votre sang-froid me fait honte… Moi aussi j’aurai du courage… Je vous sais gré de me rappeler à moi-même… Eh bien ! voici ce qui vient de nouveau m’accabler… Hier ma mère… m’a fait appeler… Elle était plus faible et plus souffrante qu’à l’ordinaire… Je n’ose penser que depuis quelque temps je suis moins soigneux pour elle…

— Ah ! vous ne savez pas le mal que vous me faites en parlant ainsi…

— Elle me dit après quelque hésitation qu’elle sentait ses forces s’épuiser… qu’il lui restait peu de temps à vivre… Elle attendait de moi une preuve suprême de soumission à ses volontés… Il s’agissait de la tranquillité de ses derniers instants ; je la priai de s’expliquer ; elle me dit qu’un de nos alliés, qu’elle me nomma, un de ses plus anciens amis, avait une fille charmante et accomplie…

— Je comprends tout… — dit madame de Hansfeld avec fermeté. — En grâce, continuez.