Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/134

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M. de Morville était tombé la tête dans ses mains avec accablement ; madame de Hansfeld lui dit d’un ton doux et ferme :

— J’aurai du courage pour vous et pour moi… je vous rappellerai des serments autrefois si puissants sur vous ; la violence de votre amour même ne doit pas vous les faire oublier. De grâce, revenez à vous… vous parlez de nouveaux chagrins… quels sont-ils ? votre mère est-elle plus souffrante ?

— Eh ! qu’importe ?…

— Ah ! de grâce, ne parlez pas ainsi. Croyez-moi… Une femme peut être fière de voir son influence un moment supérieure aux plus nobles principes… mais c’est à condition que ces principes reprendront leur cours… J’aurais horreur de vous et de moi si au lieu du cœur généreux que j’ai surtout chéri je ne retrouvais maintenant qu’un cœur égoïste et desséché… Serait-ce donc là le fruit de notre amour ?

M. de Morville secoua tristement la tête.

— Hélas ! je le crains — dit-il d’une voix sourde — je n’ai plus la force de résister au courant qui m’emporte… Rien de ce que je vénérais autrefois n’est plus capable maintenant de m’arrêter… Avant tout votre amour… Périsse le reste…

— Heureusement… j’aurai le courage qui vous manque…

— Ah ! vous ne m’aimez pas….

— Je ne vous aime pas ?… Mais laissons cela,