Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/138

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— Mais…

— Je le tiendrai pour vous si vous êtes tenté d’y manquer.

— Et ce mariage ? — dit M. de Morville avec amertume ; — ce mariage, vous me conseillez sans doute d’y consentir ?

— Non.

— Non ? Ah ! je n’en doute plus… vous m’aimez !

— Si je vous aime ! Ah ! croyez-moi, ce mariage me porterait un coup encore plus cruel qu’à vous — dit Paula avec émotion — mais — ajouta-t-elle — il faut ménager votre pauvre mère, ne pas refuser positivement de lui obéir… temporiser… lui dire que vous êtes revenu sur votre première résolution… mais que vous voulez réfléchir à loisir avant de prendre une détermination aussi grave… Gagnez du temps, enfin.

— Mais ensuite, ensuite ?

— Ah ! savons-nous ce qui appartient à l’avenir. Remercions le sort de l’heure, de la minute présente ; demain n’est pas à nous.

— Mais quand pourrai-je vous écrire, vous revoir ? Quelle sera l’issue de cet amour ? il me brûle, il me dévore, il me tue.

— Et moi aussi il me brûle, il me dévore, il me tue ; vous ne souffrez pas seul… n’est-ce pas assez ?

— Mais qu’espérer ?

— Que sais-je ! Aimer pour aimer, n’est-ce donc rien ?