Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/143

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— Marraine, souvenez-vous de mes paroles… Lorsque vous voudrez que la pensée que vous n’osez vous avouer se réalise sans que vous ou moi prenions la moindre part à son exécution, remettez-moi cette épingle, peu de jours après, vous n’aurez plus rien à désirer… Depuis que je vous ai parlé, l’idée a germé dans le cœur où je l’avais semée ; elle a grandi, elle sera bientôt mûre. Encore une fois, cette épingle, et vous pourrez épouser M. de Morville.

— Cette épingle ? — dit madame de Hansfeld en pâlissant et en prenant sur la pelote le bijou et le contemplant pendant quelques moments avec une effrayante anxiété.

— Cette épingle — dit Iris en avançant la main pour la saisir, le regard brillant d’un éclat sauvage.

Madame de Hansfeld, sans lever les yeux, dit d’une voix basse et tremblante :

— Ce que vous dites, Iris, est une sinistre plaisanterie, n’est-ce pas ? Cela est impossible… Comment pourrez-vous ?…

— Donnez-moi l’épingle… ne vous inquiétez pas du reste.

— Je serais folle de vous croire. Par quel miracle ?…

En parlant ainsi, Paula, accoudée sur la cheminée et tenant toujours l’épingle, l’avait machinalement et comme en se jouant approchée de la main d’Iris, étendue sur le marbre.