Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/159

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— Vous partez… vous partez… dans ce moment ?…

— Pour très peu de temps, vous dis-je, une ou deux semaines au plus… Des affaires urgentes… Mais pendant ce temps je vous confierai mes intérêts auprès de madame de Hansfeld, bien certain qu’ils ne peuvent être mieux placés qu’entre vos mains… Allons, ma chère enfant, à tantôt. Faites-vous bien belle ; car si je n’ai plus ma vanité d’amant, j’ai ma vanité de mari.

Ce disant, M. de Brévannes baisa Berthe au front et sortit.

Quelques moments de plus, sa haine et sa rage éclataient malgré lui.

Les mille émotions qui s’étaient peintes sur la candide physionomie de Berthe pendant que son mari parlait, l’espèce de joie involontaire dont elle avait eu honte un moment après, mais qu’elle n’avait d’abord pu cacher lorsqu’il lui avait rendu sa liberté ; son inquiétude vague, ses espérances tour à tour éveillées et contenues, tout avait éclairé M. de Brévannes sur la position du cœur de Berthe.

Il n’en doutait plus, elle aimait ; il était trop sagace pour s’y tromper.

Il avait un rival… sa femme le trompait.

Ce fut donc avec une secrète et sombre satisfac-