Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/158

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parce que vous portez mon nom… la vie de votre cœur doit être murée pour moi, puisque j’ai perdu le droit d’y être intéressé. Tout ce que je vous dis semble vous étonner ; pourtant, réfléchissez bien ; souvenez-vous de notre conversation d’hier, et vous verrez que je vous dis à peu près les mêmes choses… le ton seul diffère… Pour me résumer en deux mots, de ce jour vous avez votre liberté complète, absolue ; vous vous appartenez tout entière… nous sommes séparés sinon de droit, du moins de fait. Mais par cela même que cette liberté intime est plus absolue, vous devez pousser jusqu’au dernier scrupule la stricte observation de vos devoirs apparents ; et, je vous le répète, autant vous me trouverez tolérant ou plutôt ignorant à propos de vos intérêts de cœur, autant vous me trouverez rigoureux, impitoyable à l’endroit du respect des convenances. Méditez bien ceci, ma chère enfant ; dès aujourd’hui nos positions sont nettement tranchées. J’aurai sans doute plutôt besoin que vous de cette tolérance mutuelle à laquelle nous venons de nous engager pour nos affaires de cœur… mais je n’en suis pas encore aux confidences ; et plus tard j’aurai peut-être à solliciter l’indulgence de mon amie. À propos d’indulgence, je vous demanderai bientôt la permission de vous quitter et de vous laisser seule… D’ici à peu de jours je partirai pour un voyage très court, mais très important…