Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/172

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parce que j’attendais cet ordre avec impatience, et que si vous ne me l’aviez pas donné je vous aurais de moi-même instruite de tout ceci…

— Que dit-elle ?

— Je ne m’abuse pas ; en travaillant à votre bonheur, c’est à ma perte que je cours : lorsque vous aurez épousé M. de Morville, je ne serai plus pour vous qu’un objet de mépris et d’horreur… Certes, j’aurais pu agir en silence, sans vous prévenir, et vous laisser recueillir innocemment le fruit de cette sanglante combinaison. Mais je l’avoue… je n’ai pas eu ce courage ; je veux bien mourir pour vous, mais à condition que vous me disiez au moins : — Meurs pour moi !

— Étrange et abominable créature !

— Votre bonheur causera ma perte, je le sais ; mais au moins, au sein de votre heureux amour, peut-être aurez-vous un souvenir pour moi…

— Si vous vous sacrifiiez ainsi dans mon intérêt, vous eussiez attendu que ce que vous appelez mon bonheur fût assuré pour me faire cette nouvelle révélation…

— Non, marraine ; il se peut que vous ayez plus de vertu que d’amour, et alors votre bonheur eût été à tout jamais empoisonné. À cette heure, au contraire, en apprenant à quel prix vous auriez épousé M. de Morville, vous pouvez choisir, vous avez entre vos mains l’avenir de votre amour pour M. de Morville, le sort de Berthe de Brévannes et de votre mari… Un mot de vous à M. de Bré-