Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/173

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vannes au sujet du livre noir… et il sait que vous ne l’aimez pas, qu’il est dupe d’une fourberie dont je suis l’auteur, et qu’au lieu de conduire sa femme à l’hôtel Lambert pour la faire plus sûrement tomber dans le piège qu’il lui tend ainsi qu’à M. de Hansfeld, il doit arracher Berthe à cet amour innocent encore… puisque la mort de sa femme et du prince lui est inutile ; tel est votre devoir, marraine, faites-le. Sans doute, M. de Brévannes, furieux, répandra contre vous les plus atroces calomnies… Que vous importe ?… ce sont des calomnies… Sans doute, M. de Morville pourra s’en affliger, y croire, et sourire amèrement en songeant à l’amour idéal et romanesque qu’il avait pour vous ; cela est triste ; que vous importe ?… pendant la longue vie qu’il vous reste à passer auprès du prince que vous n’aimez pas, et qui ne vous aime plus… vous pourrez vous répéter glorieusement chaque jour : J’ai fait mon devoir.

— Oh ! maudite sois-tu, démon vomi par l’enfer !… s’écria madame de Hansfeld avec égarement ; — laisse-moi… laisse-moi… Pourquoi viens-tu m’enfermer dans un cercle affreux dont je ne puis sortir sans causer la mort de deux infortunés, ou sans me jeter dans l’abîme d’un désespoir sans fin ?

— Vous assombrissez bien les couleurs du tableau, marraine ; vous pouvez sortir du cercle affreux dont vous parlez… mais pour aller le front haut et fier à l’autel avec M. de Morville, pour pas-