Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/175

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livre noir est entre mes mains, il n’a pas une lettre de vous ; d’ailleurs, pour se plaindre, il lui faudrait avouer l’infâme calcul qui lui a presque fait provoquer son déshonneur pour avoir le droit de tuer sa femme et votre mari… Mais il n’oserait, car il inspirerait autant de mépris que d’horreur, qu’en dites-vous, marraine ?

— Laisse-moi… te dis-je… va-t’en… va-t’en… tu m’épouvantes !

— Mon Dieu ! que fais-je autre chose que de vous exposer le bien et le mal ?… Maintenant vous êtes libre… choisissez !

— Monstre !… tu sais bien la portée de les paroles… et des criminelles espérances que tu évoques à ma pensée.

— Suis-je un monstre… pour vous dire de choisir entre le bien et le mal ? La vertu est donc une terrible chose à pratiquer, qu’elle coûte autant de larmes que le crime ?…

— Seigneur, ayez pitié de moi !

— Un dernier mot, marraine. J’ai pu mettre en jeu certaines passions, préparer certains événements… mais il ne dépend plus de moi de modérer leur marche ; car… ils semblent se précipiter… demain, peut-être, il serait trop tard… Si vous êtes décidée au bien… c’est-à-dire à prévenir votre mari du danger qu’il va courir, et M. de Brévannes de la mystification dont il est dupe… agissez sans délai, aujourd’hui même, à l’instant… Une heure de retard peut tout perdre… c’est-à-