Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/184

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Berthe, de son côté, se rassurait peu à peu ; Paula tâchait de ne pas céder aux terribles préoccupations que devait lui causer son dernier entretien avec Iris.

M. de Brévannes, qui avait toujours entendu parler du prince de Hansfeld comme d’une sorte d’original, farouche, bizarre, à demi-insensé, et qui s’était demandé comment sa femme avait pu s’éprendre d’un tel homme, M. de Brévannes resta stupéfait de la distinction et de la gracieuse urbanité du prince, dont la figure juvénile et douce était des plus charmantes.

Alors il comprit parfaitement l’amour de Berthe, et sa rage s’en augmenta contre elle et contre M. de Hansfeld. Aussi, jetait-il quelquefois sur celui-ci à la dérobée des regards de tigre ; puis il cherchait les yeux de Paula avec un air d’intelligence tour à tour sombre et passionné qui prouva à madame de Hansfeld qu’Iris ne l’avait pas trompée au sujet du livre noir.

Un silence assez embarrassant avait succédé aux premières banalités de la conversation.

Le prince le rompit en disant à Berthe :

— Vous avez dû, madame, avoir bien de la peine à trouver cette demeure isolée au milieu de ce quartier désert ?

— Non, monsieur, — répondit Berthe en rougissant jusqu’aux yeux ; — mon père… habite très près d’ici.

Cette réponse, que la jeune femme avait, pour