Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/188

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goût ; car ne trouvez-vous pas, madame, qu’on peut toujours à peu près juger de la valeur d’une femme par la valeur de l’homme qu’elle distingue ?

— C’est généralement vrai, monsieur — dit Paula en se contenant.

— Eh bien ! madame, vous venez d’apprécier les sots et ridicules enthousiastes de ce sot et ridicule Morville.

Rien de plus vulgaire que ce dicton : Les petites causes produisent souvent de grands effets. Mais aussi rien de plus vrai que cette vulgarité.

En voici une nouvelle preuve :

M. de Hansfeld ne connaissait pas M. de Morville, il lui était donc indifférent d’en entendre parler en mal ou en bien ; mais cédant, malgré lui sans doute, à un vague désir de se mettre bien avec M. de Brévannes, il crut lui être agréable en partageant son avis au sujet de M. de Morville.

Enfin, la pauvre Berthe elle-même, autant par envie de complaire à son mari que par suite de cette déférence, de cet acquiescement involontaire qu’une femme accorde toujours au jugement de celui qu’elle aime, la pauvre Berthe, disons-nous, fut, pour ainsi dire, le naïf et timide écho du prince dans la conversation suivante.

Cette conversation fut la cause ; nous dirons tout à l’heure l’effet.

M. de Hansfeld reprit donc :

— Je ne connais pas M. de Morville, je l’ai aperçu deux ou trois fois ; il m’a paru beau, mais