Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/19

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« Que me veut donc cet homme ? Il est parvenu à se ménager une entrevue avec Iris ; pauvre enfant, simple et ingénue ; il lui a proposé de se charger d’une lettre pour moi, elle a refusé ? Que peut-il donc me vouloir ?… quelle est donc son audace ? comment supporterait-il mon regard ?

« Cet homme est fou… qu’a-t-il à me dire ? penserait-il à excuser sa conduite ? mais je…

« Hier, je n’ai pu continuer ; j’ai été interrompue par l’arrivée de mon mari.

« Le prince a donc toute sa vie étudié les effets de la douleur pour porter des coups plus assurés. Mais c’est un monstre… mais il a des raffinements de tortures inouïs… Oh ! maintenant, je comprends pourquoi je ne hais pas assez M. de Brévannes… toute ma haine s’est usée contre mon bourreau.

« Et être pour la vie… pour la vie enchaînée à cet homme !… Ne pouvoir briser ces liens odieux… que par la mort….

« Oh ! qu’elle me frappe donc, qu’elle me frappe bientôt… puisqu’il faut que l’un de nous deux meure pour rompre cette horrible union, que ce soit moi… plutôt que mon mari… »

M. de Brévannes frémit à ces paroles, et s’écria en s’adressant à Iris :

— La princesse est donc bien malheureuse ?

— Bien malheureuse !… — répondit sourdement Iris.

— Son mari est donc sans pitié pour elle ?

— Sans pitié…