— Rien… rien — dit-elle en sortant de sa rêverie — que m’importe ce livre ?
— Elle ne songe qu’à moi — pensa-t-il — son indiscrétion n’est pas à craindre.
Il referma le livre, le rendit à la jeune fille et lui dit :
— Vous avez, sans le savoir, rendu le plus grand service à votre maîtresse.
— Vous l’aimez ? — lui demanda brusquement Iris, en attachant sur lui un regard perçant.
— Moi ! — dit M. de Brévannes de l’air du monde le plus détaché — singulière preuve d’amour que de cruellement menacer la femme qu’on aime. Non, non, je n’ai pas d’amour pour elle… l’austère amitié peut seule recourir à des moyens si extrêmes…
— Il faut bien vous croire — dit tristement Iris en reprenant le livre.
— Adieu, Iris, à demain — dit M. de Brévannes ; — vous rappellerez bien à madame de Hansfeld l’entrevue qu’elle m’a promise.
— Elle n’y manquera pas… Mais j’y songe… au nom du ciel, que rien ne puisse lui faire soupçonner que vous avez lu dans ce livre ; je serais perdue.
— Rassurez-vous, ma chère Iris, j’aurai l’air d’être aussi étranger qu’elle à ses pensées les plus secrètes… Rien ne trahira la connaissance que j’en ai. Promettez-moi seulement de m’apporter encore ce livre… il serait pour moi de la dernière