Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/24

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la grâce de son esprit, ses prévenances respectueuses, presque filiales, pour Pierre Raimond, changèrent bientôt en une affection sincère la reconnaissance que le vieillard avait d’abord vouée à son sauveur.

Arnold était simple et bon, il parlait avec un goût et un savoir infini des grands peintres, objet de l’admiration passionnée du graveur qui avait employé une partie de sa vie à reproduire sur le cuivre les plus belles œuvres de Raphaël, du Vinci et du Titien ; il avait montré à Arnold ces travaux de sa jeunesse et de son âge mûr ; Arnold les avait appréciés en connaisseur et en habile artiste.

Ses louanges ne décelaient pas le complaisant ou le flatteur ; modérées, justes, éclairées, elles en étaient plus précieuses à Pierre Raimond, qui avait la conscience de son art ; comme les artistes sérieux et modestes, il connaissait mieux que personne le fort et le faible de ses ouvrages. Ce n’était pas tout : Arnold semblait par ses opinions politiques appartenir à ce parti exalté de la jeune Allemagne, qui offre beaucoup d’analogie avec certaines nuances de l’école républicaine.

Grâce à ses nombreux points de contact, la récente intimité de Pierre Raimond et d’Arnold se resserrait chaque jour davantage. Ce dernier était de bonne foi, il ressentait véritablement de l’attrait pour ce rude et austère vieillard, qui conservait dans toute leur ardeur les admirations et les idées de sa jeunesse.