Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/33

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— Avouez, don Raphaël — dit en riant le vieillard à Arnold — qu’elle a plus de bon sens que nous.

— Je le crois, seigneur Michel-Ange ; madame Berthe sait bien que quand on l’écoute on ne songe guère à parler.

— Oh ! monsieur Arnold, je ne suis pas dupe de vos flatteries.

— Pour le lui prouver, mon enfant, commence l’ouverture de Fidelio : tu sais que c’est mon morceau de prédilection depuis que notre ami m’en a fait comprendre les beautés.

Berthe commença de jouer cette œuvre avec amour ; la présence d’Arnold semblait donner une nouvelle puissance au talent de la jeune femme.

Au bout de quelques minutes, M. de Hansfeld parut complètement absorbé dans une profonde et douloureuse méditation ; quoiqu’il eût plusieurs fois entendu Berthe jouer ce morceau, jamais les tristes souvenirs qu’il éveillait en lui n’avaient été plus péniblement excités.

Berthe, qui de temps en temps cherchait le regard d’Arnold, fut effrayée de sa pâleur croissante, et s’écria :

— Monsieur Arnold… qu’avez-vous ? mon Dieu !… comme vous êtes pâle !

— Votre main est glacée, mon ami — dit Pierre Raimond, qui était assis à côté de M. de Hansfeld.

— Je n’ai rien… rien — répondit celui-ci ; — je suis d’une faiblesse ridicule… Certains airs