Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/34

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sont pour moi… de véritables dates… et plusieurs motifs de Fidelio… se rattachent à un passé bien triste…

— J’avais pourtant déjà joué ce morceau — dit Berthe en quittant le piano et en venant s’asseoir à côté de son père.

— Sans doute… J’étais alors tout au plaisir d’entendre votre exécution. Mais à cette heure, je ne sais pourquoi… Oh ! pardon… pardon de ne pouvoir vaincre mon émotion…

Et M. de Hansfeld cacha son visage entre ses mains.

Berthe et le vieillard se regardèrent tristement, partageant le chagrin de leur ami sans le comprendre.

Après quelques moments de silence, Arnold releva la tête. Il est impossible de rendre l’expression de tristesse navrante dont son pâle et doux visage était empreint. Une larme vint aux yeux de Berthe ; par un mouvement d’ingénuité charmante, elle prit la main de son père pour l’essuyer.

— Vous souffrez — dit le vieillard à Arnold. — Que notre amitié n’est-elle plus ancienne ! vous pourriez peut-être apaiser vos chagrins en les épanchant…

— Oh ! bien souvent j’y ai pensé… mais la honte m’a retenu — dit Arnold avec une sorte d’accablement.

— La honte ! s’écria Raimond avec surprise.

— Ne vous méprenez pas sur ce mot… mon