Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/37

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— Vous avez raison, mon ami… vous m’avez donné l’exemple de la confiance… je vous imiterai… Peut-être vous inspirerai-je un peu d’intérêt par quelques rapports entre ma position et celle de votre fille… car vous m’avez dit que son mariage n’était pas heureux… et c’est aussi à mon mariage que j’ai dû d’atroces chagrins.

— Vous êtes marié ?… si jeune — dit Raimond avec étonnement.

— Depuis deux ans.

— Et votre femme… — dit Berthe.

— Elle est en Allemagne — répondit M. de Hansfeld après un moment d’hésitation.

— Et quelques passages de l’ouverture de Fidelio que jouait Berthe vous ont sans doute rappelé de douloureux souvenirs ?

— Hélas ! oui. Lorsque j’ai connu la femme que j’ai épousée, j’étais dans tout le feu de ma première admiration pour cet opéra de Beethoven…. J’ai toujours eu l’habitude d’attacher mes pensées du moment à certains passages de la musique que j’aime… pensées qui, pour moi, deviennent pour ainsi dire les paroles des airs que j’affectionne le plus ; eh bien ! l’opéra de Fidelio me rappelle ainsi toutes les phases d’un amour malheureux.

— Ah ! maintenant je comprends votre émotion — dit Berthe en secouant la tête avec tristesse.

— Voyons, mon ami — dit cordialement Pierre Raimond — jamais vous ne parlerez à des cœurs plus sympathiques.