Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/36

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monsieur Arnold — dit Berthe. — Si vous saviez combien il vous aime ! et lorsque je suis seule avec lui en quels termes il parle de vous !

— C’est vrai — dit le vieillard. — Si vous nous entendiez, vous verriez que vous n’avez pas d’amis plus sincères… Berthe vous est si reconnaissante de ce que vous m’avez sauvé la vie, qu’après moi vous êtes ce qu’elle aime le plus au monde.

— Oh ! oui… pauvre père — dit Berthe en embrassant le vieillard.

M. de Hansfeld écoutait Pierre Raimond avec une vénération profonde. Ce langage franc et loyal était aussi nouveau que flatteur pour lui. Ne fallait-il pas qu’il inspirât une bien noble confiance à Pierre Raimond pour que celui-ci ne craignît pas de lui parler ainsi devant sa fille !

Berthe elle-même, loin de se montrer confuse, embarrassée, semblait confirmer ce que disait son père ; son front rayonnait de candeur et de sérénité.

En présence de cette noble franchise, M. de Hansfeld rougit de sa dissimulation ; il fut sur le point d’apprendre à Pierre Raimond son véritable nom ; mais il redouta l’indignation que cet aveu tardif exciterait peut-être chez le vieux graveur, dont il connaissait d’ailleurs les préventions anti-aristocratiques ; il trouva donc une sorte de mezzo termine dans la demi-confidence qu’il fit à Berthe et à son père.

Après quelques moments de silence, il dit à Pierre Raimond :