Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/55

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mords… Que vous dirai-je de plus ! à quoi bon vous indigner en vous parlant de l’audace avec laquelle cette femme brava mes reproches, de l’horrible hypocrisie avec laquelle elle affecta de les attribuer à l’égarement de ma raison. Tant de cynisme et d’effronterie me révolta… je la quittai… De ce moment ma vie fut bien triste… mais au moins j’étais délivré d’une horrible appréhension.

Quelque temps après je vous rencontrai — ajouta M. de Hansfeld en tendant la main à Pierre Raimond. — Tout à l’heure vous parliez d’heureuse étoile… Vous aviez raison, la mienne m’a fait me trouver sur votre chemin… avant d’avoir eu le bonheur de vous sauver la vie, j’étais seul, abattu et sous le coup de bien amers souvenirs ; tout a changé pour moi, j’ai trouvé en vous un ami ; mes chagrins sont passés, et si je pouvais compter sur la durée de nos relations, je n’aurais été de ma vie plus heureux…

— Et pourquoi, mon ami, ces relations vous manqueraient-elles jamais ? Le charme du commerce des honnêtes gens est dans sa sûreté : qui pourrait altérer notre amitié ? N’est-elle pas basée sur des services rendus, sur des services réciproques ? N’est-elle pas également chère à ma fille, à vous, à moi ?… Et puis enfin les tristes motifs qui nous font trouver dans cette intimité si douce une sorte de refuge contre des pensées cruelles, ces motifs existeront toujours : pour vous, ce sont les crimes de votre femme ; pour Berthe, la cruelle