Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/67

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— Cette audace me confond… Autrefois j’ai pu en être dupe… mais à cette heure….

— À cette heure, monsieur, vous allez me dire sur quoi repose votre accusation ; quelles sont vos preuves ? Je les dissiperai une à une ; il n’y a pas de logique plus puissante que celle de la vérité.

M. de Hansfeld, confondu de cette assurance, regardait à son tour sa femme avec un étonnement profond. Elle était si calme, elle semblait aller de si bonne foi au-devant d’explications qu’une conscience criminelle aurait redoutées, que ses doutes revinrent en foule.

— Comment, madame — s’écria-t-il — vous niez qu’à Trieste, un soir, après une assez pénible discussion, vous ayez tenté de vous débarrasser de moi en jetant, dans une tasse de lait qu’on m’avait servie, un poison si violent qu’un épagneul que j’aimais beaucoup est mort un instant après l’avoir bue ?

— Moi… moi… du poison ? — s’écria-t-elle en joignant les mains avec horreur. — Mais qui a pu, grand Dieu ! vous inspirer de tels soupçons ? En quoi les ai-je mérités ? Comment, depuis cette époque vous me croyez capable d’un tel crime ?

— Et ce crime n’est pas le seul, madame.

— Si les autres ne vous sont pas plus prouvés que celui-là, monsieur, Dieu vous demandera compte de ces terribles accusations…

Après un silence et une réflexion de quelques moments, Paula reprit :