Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/69

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aux soins que je vous ai donnés après ce funeste événement, je ne crois pas que vous les suspectiez !

— Mais ce stylet qui vous appartenait et qui a servi au crime ?

— Je ne m’explique pas plus que vous cet étrange incident… Cette dague assez précieuse et jusqu’alors fort inoffensive me servait de couteau à papier, et je la serrais habituellement dans mon nécessaire à écrire… Mais j’y songe, cette fois encore Frantz peut témoigner en ma faveur… Il gardait les clefs des coffres de notre voiture, il avait lui-même serré ce nécessaire, qu’il n’ouvrit qu’à Genève. En partant de Trieste, il l’avait mis en ordre avec Iris. Informez-vous auprès d’eux si la dague y était enfermée… Ils vous l’affirmeront, j’en suis sûre. Or, pendant ce voyage, je ne vous ai pas quitté d’un moment, et Frantz a toujours eu sur lui les clefs de la voiture ; comment aurais-je pris cette dague ?

Ce que disait madame de Hansfeld paraissait parfaitement vraisemblable ; le prince croyait entendre de nouveau cette voix secrète qui lui avait si souvent répété : « Paula n’est pas coupable. »

Le prince sentit encore ses soupçons se dissiper presque complètement ; quoiqu’il n’aimât plus Paula, il avait un caractère si généreux qu’il regrettait amèrement d’avoir accusé madame de Hansfeld, et déjà il s’imposait l’obligation (si elle se justifiait complètement) de lui faire une éclatante et solennelle réparation.