Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/81

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dans son insouciance, car, depuis votre arrivée à Florence, vous étiez la maîtresse d’un Français, de Charles de Brévannes….

— Mais Inès t’avait écrit le contraire…

— Mais elle m’avait aussi écrit que les apparences étaient contre vous, et que le bruit public vous accusait… Je ne croyais que porter un coup douloureux à l’amour-propre de Raphaël : mon attente fut dépassée… L’orgueil des hommes est si féroce que ce traître, qui vous avait sacrifiée, se révolta en se croyant trompé à son tour. J’irritai encore sa colère. La vanité offensée fit ce que l’amour n’avait pu faire… Raphaël partit furieux pour Venise avec Osorio, afin de se venger de votre prétendu parjure. Oui… cet homme qui naguère oubliait sans remords ses promesses les plus saintes, parce qu’il se croyait éperdument aimé de vous, se reprit d’une folle passion lorsqu’il se vit dédaigné. Vous savez le reste… comment son erreur fut encore augmentée par la fatuité de Brévannes… qui le tua après l’avoir convaincu de votre infidélité…

— Cela est-il possible, mon Dieu !

— Ces preuves de la trahison de Raphaël, je vous les donnerai… vous dis-je… Elles consistent dans une lettre pour vous qu’il m’avait apportée à Venise, et dans laquelle il vous prévenait de son prochain mariage avec cette Grecque… Après le duel, Osorio m’écrivit pour me supplier de ne pas vous remettre cette lettre, voulant venger son ami en vous laissant croire que vous étiez la seule cou-