Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/82

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pable, et que Raphaël vous avait toujours aimée, ainsi qu’il vous l’écrivait dans son dernier billet.

— Mais pourquoi m’as-tu laissée à mes remords ?… Pourquoi, en me voyant rester si longtemps fidèle au souvenir d’un homme qui m’avait trompée… ne m’as-tu pas dit qu’il était indigne de moi ?…

— Pourquoi ?…

— Oui.

— Parce que j’aimais mieux vous voir éprise d’un mort… que d’un vivant.

— Et lorsque je te faisais part de mes scrupules d’aimer M. de Morville, et d’être ainsi infidèle au souvenir de Raphaël, pourquoi d’un mot n’as-tu pas fait évanouir mes regrets ?

— Je vous le répète… parce que j’aimais mieux vous voir éprise d’un mort que d’un vivant… et puis j’espérais que le souvenir de Raphaël surmonterait votre amour pour M. de Morville.

— Mais tu le hais donc aussi, M. de Morville ? — s’écria madame de Hansfeld, reculant épouvantée de ce que le génie infernal de cette fille pouvait imaginer et exécuter.

Avant de répondre, Iris resta quelques moments silencieuse, puis elle reprit d’un air sombre :

— Je vous l’ai dit… ceux qui vous aiment et que vous aimez, je les hais presque autant que vos ennemis… Cela est mon sentiment, cela est mon impression.

— Ainsi, M. de Morville…