Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/88

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et pour moi… Depuis les accusations du prince et tes révélations, je me sens dans une atmosphère de trahisons et de crimes qui m’épouvante ; on dirait qu’elle m’oppresse, qu’elle me pénètre… J’aurais peur de devenir aussi criminelle que toi. Va-t’en… va-t’en, te dis-je… va-t’en…

Iris se leva pâle et triste, prit la main de sa maîtresse qu’elle baisa, et fit un pas vers la porte.

Madame de Hansfeld crut lire dans les traits de la jeune fille une si effrayante résolution qu’elle s’écria :

— Iris !… restez !…

Iris revint sur ses pas et interrogea Paula du regard.

— Mais enfin — s’écria la princesse — que dire au prince ? Une fois convaincu de mon innocence… il voudra connaître le coupable… que lui répondrai-je s’il m’interroge ? Ses soupçons, d’ailleurs, ne t’atteindront-ils pas ? Et maintenant, mon Dieu !… j’y pense… ne pourra-t-il pas croire que tu as agi par mon ordre, ou du moins sous mon inspiration ?… Vois dans quel affreux dédale tu m’as jetée !…

— Marraine, permettez-moi de rester ici… Si je suis chassée de cette maison, que ce ne soit pas par vous au moins : je saurai me résigner si le prince exige mon départ, ou s’il m’accuse ; mais que ce coup terrible ne vienne pas de vous !

— Mais en admettant même que les soupçons de M. de Hansfeld ne t’atteignent pas, n’est-il pas