Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/89

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

criminel à moi de garder dans ma maison une créature qui trois fois a attenté à la vie de mon mari, et qui pourrait peut-être, par la même monomanie sauvage, y attenter encore ?

— Marraine, si vous l’exigez… jamais plus je n’attenterai aux jours du prince…

— Si je l’exige… Mon Dieu ! pouvez-vous en douter ?

— Eh bien !… je vous le jure sur vous (c’est pour moi le seul serment que je puisse faire), je vous jure sur vous de respecter les jours de M. de Hansfeld comme je respecterai les vôtres… — dit la bohémienne avec un air singulier et en regardant Paula comme si elle eût voulu pénétrer au plus profond de son cœur. — Mais si jamais vous vouliez épouser M. de Morville sans avoir à vous reprocher la mort du prince, mort à laquelle je serais aussi étrangère que vous…, dites un mot, ou plutôt… non, pas même une parole… — et Iris, jetant les yeux autour d’elle comme pour chercher quelque chose, et avisant sur la cheminée une épingle d’or surmontée d’une boule d’émail constellée de perles, elle la prit et ajouta : — Vous n’auriez qu’à me remettre cette épingle, et, sans qu’aux yeux de Dieu et des hommes ni vous, ni moi, fussions pour rien dans la mort du prince… vous pourriez épouser M. de Morville… Ce que je vous dis ne doit pas vous étonner… Vous n’avez pas d’autre désir que ce mariage, je n’ai pas d’autre désir que de vous voir heureuse.