Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/92

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progrès, et je ne désespère pas… de… Mais à quoi bon te parler de ces rêveries d’un vieux fou ?

— Oh ! dites… mon père, dites.

— Eh bien ! en prenant ainsi l’habitude de te laisser passer la moitié de ta vie chez moi, j’espère qu’un jour il ne te refusera pas la permission de venir habiter tout-à-fait ici…

— Ah ! je n’ose le croire… il sait trop la joie que cela me causerait…

— Peut-être… Mon Dieu ! si cela était, juge donc aussi de ma joie, à moi… Hélas ! cette séparation, ne saurait être consentie que par lui ; les lois sont ainsi faites, qu’il y a mille tortures qu’une pauvre femme est obligée de souffrir et dont on peut l’accabler impunément… S’il faut tout dire, je crois que cet homme a quelque mauvaise passion au cœur ; son redoublement de brutalité, son besoin de t’éloigner de lui, tout me le dit. S’il en est ainsi, une séparation ne lui coûtera pas… Que nous faut-il de plus ? Depuis le peu de temps que tu t’es remise à donner des leçons, tu refuses des écolières… Ce gain modeste nous suffira pour nous faire vivre… Tu reprendras ta chambre de jeune fille ; nous verrons notre ami Arnold presque chaque jour. Que nous faudra-t-il de plus ?

— Oh ! rien, mon père, mais ce rêve est trop beau…

— Encore une fois… qui sait !… quoique je connaisse ton attachement pour moi, chère enfant… la compagnie d’un vieillard est si triste que j’au-