Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/91

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ravissement de la jeune femme lorsque le vieux graveur, resté seul avec elle, s’extasiant sur le savoir et sur l’esprit d’Arnold, le plaçait au-dessus de tous les hommes qu’il avait connus.

Le lendemain du jour où madame de Hansfeld avait eu avec Iris la conversation que nous avons reproduite, M. de Brévannes, aigri par une préoccupation et une anxiété violentes, avait de nouveau brutalisé sa femme, dont la présence lui devenait de plus en plus insupportable ; persuadé que, libre et garçon, il aurait eu plus de loisir, plus de facilités pour mettre à fin son aventure avec madame de Hansfeld, le matin même du jour dont nous parlons, il avait fait à sa femme une scène violente.

Berthe n’était plus au temps où elle s’éplorait sur ces injustices, elle s’accusait même de s’en consoler trop facilement en songeant que chez son père elle pouvait rencontrer Arnold.

Elle se rendit donc chez Pierre Raimond.

Qu’on juge de la joie du vieillard lorsqu’il vit entrer sa fille, qu’il n’attendait que le lendemain.

— Quel bonheur ! chère enfant, je n’espérais pas te voir aujourd’hui… Allons… je devine… quelque nouvelle brutalité. Ma foi ! maintenant que les grossièretés de ce méchant homme, auxquelles tu deviens de plus en plus indifférente, me valent une longue visite de toi… je sens ma haine de beaucoup diminuer ; si tu n’es pas heureuse, du moins tu n’es plus malheureuse… c’est un