Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/94

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pour des crimes semblables. Prenez garde d’aller trop loin par excès de générosité… il y a un abîme entre la générosité et une indifférence coupable pour les méchants…

M. de Hansfeld était si abattu qu’il ne chercha pas à interrompre Pierre Raimond ; lorsque celui-ci eut parlé, il lui dit tristement :

— Ma femme n’est pas coupable… et moi je vous ai trompé… je me suis introduit chez vous sous un faux nom… je dois vous faire cet aveu.

— Que voulez-vous dire, monsieur ? — s’écria le vieillard en se levant brusquement.

Berthe, pâle, effrayée, regardait M. de Hansfeld avec une douloureuse anxiété ; Pierre Raimond était sombre et sévère.

— Expliquez-vous, monsieur… je ne puis qualifier votre conduite avant de vous avoir entendu.

— Je vous dirai tout ; seulement daignez réfléchir que rien ne m’obligeait à l’aveu que je vous fais… Si j’agis ainsi, c’est pour rester digne de votre amitié.

— Digne de mon amitié après un tel mensonge ! N’y comptez plus, monsieur.

— Peut-être serez-vous indulgent, veuillez donc m’écouter… Lorsque le hasard me mit à même de vous secourir, et qu’à mon tour secouru par vous je fus transporté dans cette maison, mon premier mouvement fut de vous déclarer mon véritable nom… mais à ce moment votre fille entra…

— Eh bien !… monsieur… que fait cela ?