Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/95

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— Je la connaissais.

— Vous la connaissiez ? — dit le vieillard avec étonnement.

— Moi !… — s’écria Berthe.

— De vue seulement — reprit Arnold. — Oui, quelques jours auparavant, j’avais rencontré votre fille aux Français ; on l’avait nommée devant moi, et plus tard j’entendis rendre un juste hommage à la noble et austère fierté de son père.

— À cette heure, monsieur… ces louanges sont de trop… — s’écria Pierre Raimond avec impatience.

— Je ne vous loue pas, monsieur… je vous explique la raison qui m’a fait vous cacher mon titre… puisque le hasard veut que j’aie un titre…

— Vous avez, monsieur, très habilement trompé la confiance d’un vieillard et la candeur d’une jeune femme ; je vous en félicite…

— J’ai eu tort ; mais voici pourquoi j’ai agi de la sorte… Connaissant votre antipathie pour certaines classes de la société… je craignais donc que ma position ne fût un obstacle aux relations que je désirais déjà si vivement nouer avec vous…

— Pour tâcher de séduire ma fille, sans doute ! abuser de ce qu’il y a de plus saint… la reconnaissance d’un obligé… Ah ! vous et les vôtres… vous serez toujours les mêmes — dit amèrement Pierre Raimond ; puis il reprit avec indignation : — Et moi qui tout à l’heure encore parlais de la noble