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JE ME CROYAIS POÈTE
à louis bertrand
Je me croyais poète et j’ai pu me méprendre,
D’autres ont fait la lyre et je subis leur loi ;
Mais si mon âme est juste, impétueuse et tendre,
Qui le sait mieux que moi ?
Oui, je suis mal servi par des cordes nouvelles
Qui ne vibrent jamais au rhythme de mon cœur ;
Mon rêve de sa lutte avec les mots rebelles
Ne sort jamais vainqueur !
Mais quoi ! le statuaire, au moment où l’argile
Refuse au sentiment le contour désiré,
Parce qu’il trouve alors une fange indocile
Est-il moins inspiré ?