Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1865-1866.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Jours lointains


 
Nous recevions sa visite assidue ;
J’étais enfant. Jours lointains ! Depuis lors
La porte est close et la maison vendue :
       Les foyers vendus sont des morts.

Quand j’entendais son pas de demoiselle,
Adieu mes jeux ! Courant sur son chemin,
J’allais, les yeux levés tout grands vers elle,
       Glisser ma tête sous sa main.

Et quelle joie inquiète et profonde
Si je sentais une caresse au front !
Cette main-là, pas de lèvres au monde
       En douceur ne l’égaleront.