Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/81

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sément une de ces lois et le sujet un phénomène qu’elle régit. On reconnaît, par exemple, que tous les corps sont pesants, et dès lors on est capable de poser une question de plus sur un corps donné, à savoir : que pèse-t-il ?

Ainsi l’observation et l’expérience constatent des faits, l’abstraction en dégage des rapports constants que l’induction applique à tous les autres faits non expérimentés, mais considérés dans des conditions identiques. En suivant une pareille méthode, on ne risque jamais de poser une question mal fondée ; en effet, le prédicat ne peut pas ne pas convenir au sujet, puisqu’on a procédé par l’observation et l’induction pour établir avant tout la convenance du premier avec le second ; on ne cherche donc pas une détermination du prédicat avant de savoir par une enquête préalable s’il convient au sujet.

La seconde règle, la règle de solubilité, est appliquée avec la même rigueur que la première dans les sciences positives. En mathématiques, c’est manifeste ; l’algèbre en fait foi, et à cause de la simplicité des données qui sont abstraites, l’application de la règle, apparaît dans toute son exactitude ; l’équation exprime un jugement basé sur des grandeurs, mais le principe de la mise en équation s’étend à des données quelconques ; seulement l’égalité entre grandeurs est remplacée par une identité de rapports d’une catégorie différente.

C’est ce qui a lieu dans les sciences naturelles ; chaque problème particulier n’est soluble qu’aux mêmes conditions : il faut que les données fournies, soit par la définition, soit par l’expérience, soit par l’hypothèse, présentent une série de rapports impliquant la détermination cherchée et formant avec elle une unité qui les lie tous entre eux. La solution du problème général de la nature est soumise à la même règle, seu-