Ces arbres somptueux t’offrent des fruits nouveaux
Dont tu te peux nourrir sans pénibles travaux.
Qu’il fait bon devant soi marcher à l’aventure,
Affranchi de tous soins,
Par la terre qu’on foule assuré, sans culture,
Contre tous les besoins !
Qu’il fait bon ne plus voir pendre à la boucherie
Des cadavres ouverts,
Pour que l’humaine chair par d’autres chairs nourrie
Nourrisse un jour les vers !
Qu’il fait bon dans les champs que le ciel seul féconde
Jouir de la saveur,
Sans qu’une aveugle faim sur un étal immonde
Paye cette faveur !
Pourtant ces fruits parfaits que nous tend chaque branche,
La parfaite liqueur
Que pour nous ce rocher dans les herbes épanche
Parlent moins à mon cœur ;
Ils lui rappellent moins ses émotions chères
Par leur suave goût
Que ne le font ces fleurs par leurs senteurs légères,
La dernière surtout !