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Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1879-1888.djvu/200

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Ah ! la douleur de tous, ici, comme sur terre,
De ma félicité n’est donc pas tributaire !

stella

Non, mon ami ; chacun, dans ce monde excellent,
Use, avec un fertile et naturel talent,
Pour les œuvres qu’il aime et peut aimer sans blâme,
Des forces de son corps et des dons de son âme ;
Le travail lui paraît plus un jeu qu’une loi,
Des puissances de l’homme utile et doux emploi !
Volontaire, sa tâche à sa vaillance agrée ;
Serein quand il travaille, il semble un dieu qui crée ;
Dans l’effort même, auquel on ne le contraint pas,
Il jouit de vouloir et n’en est jamais las ;
Sa victoire n’est pas le prix de la fatigue.
Des fruits de son labeur satisfait et prodigue,
Il aime à les offrir à son propre rival ;
Et tandis que sur terre, où l’échange est vénal,
Tout service, tout bien se mesure et se troque,
L’échange n’est ici qu’un bienfait réciproque.

faustus

Ah ! quel soulagement pour la compassion,
______Pour la justice, ô mes ancêtres,
De vous voir tous debout, hors du sombre sillon
______Où vous courbait le joug des maîtres !