Aller au contenu

Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1879-1888.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


« Ton cœur sans nul profit s’avoûra qu’il se prive,
Et ton front languira, désormais sans emploi ;
Tu laisseras ton être aller à la dérive,
Mêlé lui-même aux flots esclaves de leur loi ;
 
« Vers le grand réservoir qui les rend à leur source,
Roulant comme une paille au hasard de leur pli,
Tu laisseras glisser, au milieu de ta course,
Ton savoir dans le rêve et bientôt dans l’oubli. »

stella

Le Maître a pour jamais scellé notre alliance :
______Je lui dois ton entier retour !
Il avait éprouvé ce que vaut la science
________Et ce que vaut l’amour,

Et qu’il n’est point en nous de souvenir qui reste
______S’il ne peut au cœur s’imprimer,
Et que rien n’est dans l’homme entièrement céleste
________Hors le pouvoir d’aimer.

Il voulait, en donnant à ma tendresse immense
______Ton âme profonde à remplir,
L’ouvrir au seul bonheur qui toujours recommence
________Pour toujours s’accomplir.

Il l’a tranquillisée. Ah ! que Dieu le lui rende !
______Qu’en la paix d’un songe adouci
La sienne ait une sœur assez belle, assez grande
________Pour la combler aussi !