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Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1879-1888.djvu/310

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Et, comme un océan que son poids seul tempère,
Sous une même loi tous leurs flots s’aplanir ;

Quand j’ai vu le concert durer dans ce qui change,
L’harmonie imposer un visage au chaos,
Quand la première fois j’ai joui sans mélange
De la beauté du monde absous de ses fléaux ;

Quand il me fut donné d’admirer l’art docile
Des atomes mêlés venant de toutes parts,
Choisis par l’Idéal, composer une argile
Qui devait sous ta forme enchanter mes regards !

Ils ne m’accuseront d’aucune ingratitude,
Mais leur œuvre les a supplantés dans mon cœur
Heureux, j’en ai percé le secret sans étude,
Sans trouble j’en subis en toi l’attrait vainqueur.

stella

______Ô mon ami, le frêle charme
______Qui pour te vaincre est ma seule arme
______Et que mon aveugle abandon
______Te laisse goûter sans alarme,
______C’est toi-même qui m’en fais don !

______Ma beauté n’est que l’exemplaire
______Du type, assorti pour te plaire,