Aller au contenu

Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1879-1888.djvu/311

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

______Que ta propre nature élit,
______Et ton propre regard m’éclaire
______Du jour qui pour toi m’embellit ;

______Je ne dois qu’à ton goût mes grâces.
______Le long temps qu’à les voir tu passes
______N’en use-t-il point la valeur ?
______Ne se peut-il que tu t’en lasses,
______Malgré leur immortelle fleur ? —
 
Comme pour écraser le doute à sa naissance
Faustus couvre soudain d’un baiser véhément
Les lèvres de Stella, les presse longuement,
Et l’épouse a pleuré, mais de reconnaissance.
Autour d’eux, tout à coup, de gais éclats de voix,
Des chants mêlés d’appels, s’élèvent à la fois :
Une bande d’enfants par les prés accourue
Pêle-mêle à l’assaut de leurs genoux se rue ;
Les plus jeunes en font l’escalade à grands cris,
Pendant que les aînés vers le couple surpris
Tendent leurs bras chargés de lilas dont s’épanche,
En s’écroulant sur lui, l’odorante avalanche.
Il s’incline, accablé, sous le croissant amas,
Il y succombe, et rit, et ne discerne pas,
Tant le joyeux tumulte en agite les couches,
Les caresses des fleurs des caresses des bouches ;
Il se débat et sort de ce siège innocent
Avec un lit nouveau pour le soir qui descend.