Il laissa retomber les voiles
Qu’on ne lève pas sans trembler,
Mais il y nombra tant d’étoiles
Qu’il sentit les cieux l’accabler ;
Il se trouva plus solitaire
En se découvrant plus petit :
Alors il embrassa la terre
Avec un sinistre appétit.
Quittant sa lutte commencée
Avec l’impossible à saisir,
Il n’occupa plus la pensée
Qu’au raffinement du plaisir.
Et, las des recherches altières,
Docile aux instincts seulement,
Il n’employa plus ses lumières
Qu’à servir leur aveuglement.
La richesse engendra l’envie.
Complice des arts énervants,
La guerre moissonna la vie
Dans des carnages plus savants.
Ce fut moins par la noble usure
Des blanches ailes de l’esprit
Que par les désirs sans mesure
Des sens épuisés qu’il périt.
Triomphe ! Te voilà soulagée, ô Cybèle,
Du fardeau de ton dernier né :
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