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Un départ fixé à sept heures, qui a lieu à huit, est tout à fait dans l’ordre : aussi le père Bertrand et sa femme Marguerite eurent-ils tout le temps nécessaire pour surveiller les préparatifs de l’expédition.

Lambin avait chargé une traîne de paniers et de boîtes dont le contenu se dénonçait par le seul cliquetis des verres heurtés les uns contre les autres, ce qui faisait dire au père Bertrand :

— Cent-trente deux ! si les fusils ratent, nous sommes certains qu’il n’en sera pas de même des bouchons…

À propos des fusils, il y en avait six dont un à double canon, celui de Lambin.

Tancrède, qui savait par cœur l’histoire du chevalier Bayard, avait horreur des armes à feu, ces féroces machines qui lancent la mort à distance et n’aiment pas à regarder de trop près l’ennemi. Il avait emprunté de son père un sabre du temps de George III, ornement de la salle à fumer,