que je me rendrais coupable si je ne faisais tous mes efforts pour leur procurer les moyens de connaître Dieu et notre sainte religion. Pour exécuter ce dessein, je tâchai de trouver quelques bons religieux qui avaient le zèle de la gloire de Dieu. » (Champlain.)
Tandis que les États-généraux siégeaient, certains marchands et armateurs de Saint-Malo, qui n’avaient pas voulu entrer dans la société, trouvèrent moyen de faire inscrire une déclaration par laquelle le commerce des pelleteries devenait libre en Bretagne, ce qui renversait tous les calculs de Champlain ; aussi celui-ci alla-t-il s’en plaindre à Condé, qui lui ménagea une entrevue avec les membres des États-généraux, et la clause malencontreuse fut biffée comme ayant été acceptée sur de fausses représentations.
Le dernier jour de février 1615, Champlain partit de Paris et, rendu à Rouen, il expliqua à ses associés les intentions du prince de Condé, aussi bien que le désir qu’il avait que les Pères Récollets fûssent conduits au Canada, « de quoi nos associés furent fort contents, promettant d’assister les dits Pères de leur pouvoir et les entretenir à l’avenir de leur nourriture. » Cette conduite fait supposer que si tous les associés de Champlain étaient huguenots, comme on l’a écrit sans le prouver, ils étaient au moins singulièrement portés vers la religion catholique.
Les quatre missionnaires choisis étaient les suivants : Le Père Denis Jamay[1], commissaire ; le Père Jean d’Olbeau, désigné successeur du Père Denis en cas de mort ; le Père Joseph Le Caron, natif des environs de Paris, autrefois aumônier du duc d’Orléans, qui s’était fait Récollet (1611) après la mort de ce prince, qu’il avait converti ; le Frère Pacifique Duplessis, natif de Vendôme, apothicaire, lequel avait fait profession en 1598.
Tous quatre arrivèrent à Rouen le 20 mars 1615, et, quelques jours après, accompagnés de Champlain, se rendirent à Honfleur, où le Saint-Étienne, du port de trois cent cinquante tonneaux, commandé par Pontgravé, les prit le 24 d’avril, et fit voile vers le Canada. Le 25 de mai, ils étaient en vue de Tadoussac.
Il y a apparence que Champlain et le Père d’Olbeau profitèrent de la première barque, qui partit le 27, pour se rendre à Québec, et qu’ils arrivèrent en ce lieu le 2 de juin. Champlain raconte qu’il resta quelques jours à Québec « pour donner ordre à ce qui dépendait de l’habitation, tant pour le logement des Pères Religieux, qu’ornements d’église et construction d’une chapelle pour y dire et chanter la messe, comme aussi d’employer autres personnes pour défricher les terres. »
Le Père Le Caron semble être parti de Tadoussac très peu de temps après le Père d’Olbeau, et avoir été jusqu’au saut Saint-Louis sans s’arrêter à Québec. Au Saut, « il vit tous les Sauvages et leur façon de faire, ce qui l’émut d’aller hiverner dans le pays, entre autres celui des peuples qui ont leur demeure arrêtée. »
À leur tour, le Père Jamay, le Frère Duplessis et Pontgravé partirent de Tadoussac vers le 2 de juin, et arrivèrent à Québec le 8. Ce même jour, Champlain, le Père Jamay et
- ↑ « Occupé à différents emplois, à Châlons, en Champagne, pour le bien de la province, et à Saint-Denis, en France, en qualité de supérieur et de prédicateur. » (Le Père Le Clercq, I. 150.)